dimanche 21 mai 2017

La Revenante

Je suis un novice dans le cinéma de Desplechin. N'ayant pas vu ses précédents faits, j'ai du mal à juger ce dernier. Par contre, je suis fan de Mathieu Amalric. Partout où il va, je vais ; ou j'essaie, c'est qu'il tourne beaucoup. Et je suis également un grand appréciateur de Charlotte Gainsbourg, au cinéma ; elle est un produit rare, d'une rare émotion. Marion Cotillard complète ce duo. Parité oblige, je mentionnerai aussi la belle prestation de Louis Garrel, un type que j'aime également beaucoup. Donc, tu l'auras compris, je suis rentré dans cette salle noire et obscure, pour les acteurs, sans popcorn, sans fioriture ou extra-ball. Je veux de l'émotion, brute de préférence, je veux des vagues qui se déchirent sur la côte, des cris de douleur. Je veux de la folie intérieure qui bouscule.

Alors ai-je trouvé mon compte dans l'univers d'Arnaud Desplechin ? La lumière s'est faite, la salle s'illumine, jour de semaine, milieu de journée, donc pas grand monde, et pas facile de lire sur les visages ; comme il me paraît difficile de lire sur le scénario du film. Je ne suis pas ébahi, mais au final j'ai aimé. Je garde donc une certaine réserve, comme s'il m'avait manqué un petit quelque chose. De l'émotion, j'en ai eu, Charlotte est toujours au top, Mathieu j'adore toujours autant. Il amène de la folie, elle apporte de sa mélancolie et de sa tristesse, le spleen à l'état pur. Marion arrive sur cette plage déserte, elle a disparu depuis plus de vingt ans dans la vie de Mathieu. Pourquoi est-elle partie ? Je ne sais pas... Première interrogation. Pourquoi est-elle revenue ? Je ne sais pas, non plus. Second mystère... Dont je n'aurai pas les réponses. Mathieu a énormément souffert de cette disparition subite, sans un au-revoir, sans explication. J'envisage aisément que ce n'a pas dû être simple de reconstruire sa vie... Pourtant il y a deux ans, un regard, une Charlotte. La timidité, la peur, le renouveau... Le monde est de nouveau heureux, la tête dans les étoiles, le cœur sous la lune... Marion, sur cette plage de sable fin, coquillages et crustacés, s'tape la causette avec Charlotte. Elle veut récupérer son homme...

Mathieu, alias Ismaël, survit sur cette terre dont il n'aime pas le sable. Puis-je imaginer la difficulté à déclarer administrativement sa femme morte après dix années d'absence. Puis-je imaginer la douleur qui l'a tenu pendant toutes ces années de vide et d'incompréhension. Puis-je me mettre quelques secondes dans sa tête au moment où il se retrouve face à elle après ce si long silence. Puis-je ressentir le bouillonnement intérieur qu'il a subi et découvrir tous les « Les Fantômes d'Ismaël »...

 Je ne t'ai pas dit, mais Mathieu est scénariste-réalisateur. Il est là, pour le calme que lui procurent les vagues, et pour l'écriture. Il écrit sur son frère, une histoire d'espion ou d'agent secret, encore de l'amour et du mystère. Le coup du film dans le film. Qui apporte quoi, au final, dans l'histoire ? Je ne sais pas... Du rythme, et la belle prestation de Louis Garrel... Alors, voilà, je ne suis plus tout à fait le même homme innocent à la fin du film. Je peux dire que maintenant j'ai vu un film d'Arnaud Desplechin. Je ne peux juger si c'est un bon film. Ou un moyen bon. Moi, j'ai aimé, malgré ces manques, ces questionnements ; j'ai en tout cas envie de découvrir ses autres films. Je ne peux le conseiller, à chacun de se faire sa propre opinion, ses propres envies, loin de moi l'idée de m'immiscer dans tes désirs. Juste, je rajouterai que Sur la Route du Cinéma en fait une séance Indispensable avec « Charlotte et Marion, aussi belle l'une que l'autre, aussi touchante et lumineuse, elles sont tour à tour l'âme amoureuse du film ».

« Les Fantômes d'Ismaël » [2017], Arnaud Desplechin.


8 commentaires:

  1. Malgré le casting que j'apprécie dans son ensemble, pas vraiment emballé là...

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    1. Il y a quand même Charlotte ! Après faut aimer les histoires d'amour qui ...

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  2. Desplechin se renouvelle, change de style à chaque film même on retrouve les mêmes noms de personnages.
    Certains films sont bouleversants. Ils sont TOUS bons. Et drôles.
    Matthieu... Je l'ai adoré. Le tremblement de sa voix m'est devenu insupportable. Dans un Conte de Noël. Rois et reines (film cruel) il était exceptionnel.
    Charlotte est bien meilleure quand on ne lui fait pas jouer une dépressive. Elle est plus subtile que ça.
    Et Louis Garrel est renversant.

    Tout est bien chez Desplechin.

    Merci pour la citation.

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    1. l'âme amoureuse du film... c'est si bien dit...

      et je verrais probablement les autres films de Desplechin, rois et reines, j'aime les films cruels...

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  3. Pas encore vu, mais bientôt... (Goran : http://deslivresetdesfilms.com)

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    1. Il existe une version longue que certains cinémas proposent (ou on le courage de proposer, puisque ça leur supprime une séance journalière). Il parait que ça vaut vraiment le coup. Je n'ai pas vu, mais peut-être que cette version longue aurait dissipé mes doutes et mes questionnements sur ce film...

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  4. Un tabarnak de casting, y'a pas à dire, et comme toi j'adore Mathieu Amalric. Et pas que dans Quantum! Partout où il passe il laisse ses traces. Je crois comprendre ton ressenti, j'ai l'impression que l'histoire est un peu "molle", mais y'a des films ainsi que l'on prend plaisir à découvrir dans toute leur lenteur et leurs non-dits. C'est peut-être un peu le cas?
    Si je le croise je le regarderai, trop curieuse...

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    1. Le casting, j'y suis allé pour lui. Même dans Quantum of Solace, je l'adore ce type. Mais aussi dans La chambre Bleue. Dans La Venus à la fourrure.

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